Après la visite de l’aquarium, nous montions à l’étage visiter les collections du Muséum d’histoire naturelle de Nancy.

Je ne saurai qualifier l’attraction que les objets présentés exerçaient sur mon jeune esprit

Fascination, émerveillement, curiosité, voyeurisme ? Tout m’intéressait, ce bœuf empaillé géant, les animaux exotiques, les centaines d’oiseaux dans leurs vitrines, les ailes couvertes de poussière, les couleurs délavées des pattes et des becs peints. Et les squelettes de toutes espèces qui laissaient voir la structure des corps habituellement dissimulée derrière la peau et les chairs.

Le plus fascinant était sans aucun doute les bocaux de formol contenant un veau à cinq pattes, un agneau à deux têtes, un fœtus humain, et toute sorte de bestiole plus ou moins monstrueuse. Ce catalogue « d’ anomalies » de la nature ouvrait un monde infini de variantes, d’évolutions et de perspectives au hasard de notre présence au monde. Est-ce ce type de questions abyssales ou la « crudité » des chairs flottantes dans le formol, les vies suspendues de ces petit êtres qui me captivait ?                                                                                                                                             Aujourd’hui, ma fascination est intacte.

D’aucun détourneront le regard, seront bousculés par ces images, pourront les qualifier d’horribles car bien sur, certaines images gardent la trace de la souffrance et suggèrent la violence. D’autres sont plus douces, tel ce veau qui semble sourire ses pattes croisées comme apaisées. Mes propres sensations fluctuent selon les sujets et la nature de mon regard, empathique, esthétique, anthropocentrique… Mes sentiments sont ambivalents comme l’étaient ceux de l’enfant que j’ai dû être devant les vitrines, comme le sont aussi ces images.

Les photographies de cette série ont été réalisées au musée de l’école vétérinaire de Maison-Alfort.

Pierre GRALL

novembre 2018